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 Saint Bernard et les débuts de l'Ordre du Temple

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CEPHALO
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CEPHALO


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MessageSujet: Saint Bernard et les débuts de l'Ordre du Temple   Saint Bernard et les débuts de l'Ordre du Temple Icon_minitimeLun 3 Mar - 3:28

Nous allons aborder un problème épineux auquel il est, ma foi, bien difficile d’échapper lorsque l’on traite de l’histoire templière.
Il existe deux factions antagonistes qui défendent chacune leur chapelle templière, c’est à dire celle d’avant 1129 (ou 1128), ou celle d’après 1129 (ou 1128).

La problématique templière est en effet assez subjective, depuis que l’Ordre du Temple est passé avec armes et bagages dans le camp de la spéculation aurifère et donc hermétique, pour que des chercheurs ou des auteurs n’aient pas hésité à donner le coup de pouce nécessaire aux investigations provoquées ou que d’autres historiens n’aient pas, quant à eux, hésité à déclarer, tout de go, qu’avant le concile de Troyes rien n’existait du futur ordre des Templiers. Nous sommes dans une impasse historique si nous ne scrutons pas attentivement les textes rapportés et si nous conservons certaines oeillères quelque peu partisanes. Nous devons donc nous poser certaines questions dérangeantes qui vont mettre en valeur les moments forts de l’histoire de ceux qui, partis à neuf, du château des comtes de Champagne et de Brie (de Chartres et bientôt de Navarre), revinrent à six quelques années plus tard pour fonder l’Ordre du Temple qui comptera jusqu’à neuf mille commanderies.

Nous nous occuperons du créateur de l’Ordre dans une autre étude, car il nous faut poser une des questions dérangeantes qui va nous mettre sur la piste d’un bien étrange ordre de moines-chevaliers. Cette question est la suivante:

Bernard de Fontaine fut-il présent au concile de Troyes ?

Dans les derniers mois de l’année 1127, Bernard de Fontaine ou de Clairvaux recevait une lettre du cardinal-légat Matthieu, évêque d’Albano. Cette missive convoquait Bernard de Clairvaux à un concile qui se tiendrait à Troyes, le 13 janvier de l’année 1128 (1129 est une date tout aussi correcte selon le calendrier employé. Nous reprenons quant à nous la date communément admise selon le calendrier champenois en place à cette époque) afin de statuer sur la nécessité de créer un nouvel Ordre religieux, entre autres affaires d’importance, il faut le souligner.

Bernard avait bien connu le cardinal-légat alors que, chanoine de Reims, celui-ci était entré au monastère clunisien de Saint-Martin des Champs. On le disait très imbus des traditions de son Ordre et d’une grande piété (Pierre le Vénérable). Il combattait, avec sa congrégation, en priorité la simonie, le nicolaïsme et tous les désordres religieux. Honorius II, dès son avènement en 1125, l’avait promu au siège d’Albano, un poste éminent, puis nommé cardinal et envoyé en France comme légat.

Dans le même temps, André de Montbard, de retour de Palestine avec quelques-uns de ses compagnons, rendait visite à son neveu Bernard de Fontaine. On dit qu’il était porteur d’un message du roi Baudouin de Jérusalem demandant au « célèbre » abbé de Clairvaux d’établir une Règle pour le futur Ordre des Templiers. Comme André de Montbard et Hugues de Payns s’étaient auparavant rendu à Rome, était-ce un message approuvé par le pape et un ordre pour Bernard d’assister, voire d’organiser un concile ? Nous n’en savons rien, aussi inutile de spéculer. (…)
Mais Bernard est excédé de toutes ces affaires dont on le charge et il ne se sent nullement désigné pour remplir le rôle et la fonction qu’on lui commande et il considère tout à fait en dehors de ses préoccupations habituelles d’aller assister à un concile. Il va donc s’en ouvrir à son ami le cardinal-légat Matthieu d’Albano:

« Mon coeur était prêt à vous obéir mais mon corps ne l’était pas également. Consumé par les ardeurs d’une fièvre aiguë, épuisé par les sueurs, ma chair infirme se refusait à suivre l’esprit dans sa promptitude. J’ai donc voulu vous obéir, mais cette indisposition dont je vous fais part s’y est opposée. Que nos amis jugent si je ne dis pas ici la vérité eux qui, sans admettre aucunes de mes excuses, se servent des filets de l’obéissance qui m’enveloppent pour m’arracher tous les jours de mon cloître et m’entraîner dans les villes ! qu’ils remarquent aussi que cet accident n’est pas un prétexte que j’invente mais qu’il m’a durement frappé et qu’ainsi ils apprennent que nul projet ne peut tenir contre les desseins de Dieu ».

Ses amis auront beau arguer de la gravité des questions qui seront débattues lors de ce concile, Bernard n’en démord pas et demande qu’on y envoie quelqu’un qui soit capable de traiter tous ces problèmes difficiles:

« Si on m’estime tel, je dirai, moi, que non seulement je pense mais je sais ne pas l’être. Après tout, les choses que vous tenez à confier aux soins de votre ami, au risque de troubler son silence, sont-elles faciles ou difficiles ? Si elles sont faciles, on peut les trancher sans moi. Si elles sont difficiles, elles ne peuvent non plus l’être par moi à moins que vous ne m’estimiez au point de me croire seul capable de ce qui n’est pas possible pour les autres et que je sois l’homme désigné pour régler les questions graves et difficiles. Mais s’il en est ainsi, Seigneur mon Dieu, comment se fait-il que vos desseins se trouvent entravés par moi seul ? Pourquoi avez-vous mis sous le boisseau la lumière qui, placée sur le chandelier, aurait pu répandre toute sa clarté ? Ou, pour parler sans figure, pourquoi m’avez-vous fait moine et m’avez-vous caché dans votre sanctuaire pendant les jours mauvais (Ps. XXVI.5) si j’étais un homme si nécessaire au monde et sans lequel les évêques ne peuvent remplir leur mission ? (...) Vous, cependant, mon Père, sachez que je suis prêt, et sans en éprouver de peine, à observer vos commandements. Cependant je compte sur votre bonté pour m’épargner, chaque fois que vous le jugerez à propos (Ep. XXI)».

Malgré ce courrier qui nous révèle une facette de la personnalité de Bernard de Clairvaux, on ne peut plus étrange dans son comportement comme dans son langage d’excuses, le légat juge indispensable sa présence à ce concile qui doit avoir lieu à Troyes. Il réitère donc sa demande qui devient presque une « injonction amicale», pressant Bernard d’assister à ce concile, coûte que coûte, santé chancelante ou non.

Ce sont de grandes Assises. Sous la présidence du cardinal-légat vont en effet siéger Renaud II, archevêque de Reims; Henri le Sanglier, archevêque de Sens, Primat des Gaules, l’un et l’autre entourés de leurs suffragants; on y trouve aussi beaucoup de responsables d’ordres religieux, parmi lesquels Etienne Harding, abbé de Cîteaux, qu’accompagnent Hugues, abbé de Pontigny et plusieurs grands seigneurs qui vont prendre place auprès du plus puissant d’entre eux, Thibaud de Champagne (Héfélé. Histoire des conciles. 1912).

Ceux qui organisent le concile ont jugé la présence de Bernard nécessaire, voire indispensable, et pourtant, devant l’étrange et incroyable refus de celui-ci, ils vont faire appel à un moine obscur, Jean-Michel, qui rédigera les statuts synodaux dont il ne reste quasiment plus rien, ainsi que la première ébauche de la Règle demandée par les futurs Templiers.

Quand s’ouvre le concile de Troyes, la structure du futur Ordre du Temple ne compte encore (toujours !) que neuf chevaliers. Aussi Hugues de Payns a-t-il tenu à y assister, avec cinq de ses compagnons, pour y exposer les débuts historiques de la Milice et apporter les corrections « guerrières » nécessaires à l’application, in situ, de la Règle. Il y renouvelle le désir déjà exprimé par le roi de Jérusalem de voir la Milice dotée d’une Règle adaptée aux circonstances (droit de tuer) et prie Bernard de Clairvaux de bien vouloir lui écrire une « louange » .

... Mais Bernard se fait longuement prier parce que, si méritoire que puisse être la défense des intérêts religieux de la Chrétienté, par les armes, ce n’est pas sa manière à lui de concevoir le service de Dieu. Il pense que verser le sang de son prochain, fut-il un Infidèle, n’est absolument pas compatible avec l’Enseignement du Christ.

... Comme il l’écrivit à l’évêque de Lincoln, la vraie Jérusalem, pour lui, c’était Clairvaux et non pas la Jérusalem terrestre (Ep. LXIV).

Mabillon, dans son avertissement au sixième traité des « Opera Omnia », prouve, par des recoupements irréfragables, que Bernard de Clairvaux n’a pas pu écrire « la Louange de la Nouvelle Chevalerie » au moment du concile de Troyes, puisqu’il « embouche la trompette d’Isaïe » pour célébrer les nombreuses recrues... postérieures. Et nous avons là notre premier étonnement historique qui fait basculer nos rêves templiers.

« Les îles écoutent, s’écrie-t-il, les peuples les plus lointains sont attentifs et bouillonnent de l’Orient et de l’Occident comme un torrent de Gloire qui se répand dans la cité de Dieu qu’elle inonde de joie. Mais ce qu’il y a de plus heureux, c’est que dans cette multitude qui afflue de toute part, il s’y joint d’ANCIENS SCELERATS et des IMPIES, des RAVISSEURS et des SACRILEGES, des HOMICIDES, des PARJURES et des ADULTERES. Assurément de leur conversion provient comme un double bien et aussi la joie est double puisqu’à la fois leur départ réjouit les régions qu’ils désolaient et leur arrivée comble d’aise celles à qui ils s’empressent de porter secours. Double avantage en effet: non seulement celles-ci sont protégées mais celles-là pourront respirer. » (De Laude novae militiae cap.V n° 10).

Mabillon estime que Bernard n’a pu composer La Louange de la Nouvelle Chevalerie avant 1132. D’ailleurs, Bernard, au début de son prologue adressé à Hugues de Payns, s’excuse d’avoir tant différé de l’écrire:

« Ce n’est pas une, mais deux, mais trois fois, si je me trompe, mon cher Hugues que vous m’avez prié de vous écrire, à vous et à vos compagnons d’armes, un discours d’exhortations... ».

Dom Cousin place la rédaction de la Règle plutôt vers 1135 (Les débuts de l’Ordre des Templiers et saint Bernard).

Ainsi donc, si pendant le concile, la Règle sera bien esquissée dans ses grandes lignes, afin d’être présentée à l’approbation d’Honorius II, il faut souligner fortement cet aspect du concile souvent négligé par ailleurs; Mabillon démontre bien que d’attribuer la Règle à saint Bernard relève de l’erreur historique.

Le cistercien Albéric de Trois-Fontaine nous informe quant à lui, qu’on donna aux Templiers la Règle de saint Augustin, d’où vient que, dans le Monasticon anglicanum, on les place parmi les religieux qui suivent la règle de ce Père, autrement dit la règle des chanoines réguliers.

Il serait invraisemblable qu’Albéric de Trois-Fontaine, cistercien et dont l’abbaye n’était pas éloignée de Clairvaux et sa première fille, eût ignoré que leur règle fut de saint Bernard et leur en eût attribué une autre à une époque où vivaient encore les Templiers qui avaient connus le « saint ».

C’est aussi au concile de Troyes qu’on donna aux chevaliers de la Milice, comme signe distinctif, le bliaut blanc. Ils ne devaient y appliquer la croix rouge particulière à l’Ordre du Temple que beaucoup plus tard, lorsque le pape cistercien Eugène II la leur conférera. (Héfélé. Histoire des conciles tome V, d’après Guillaume de Tyr).

J’espère que le lecteur aura bien lu ces quelques pages révélatrices de l’histoire
1) du concile de Troyes.
2) du comportement du futur Saint-Bernard.
3) du recrutement dans l’Ordre du Temple.
4) de la Règle.

Nous ouvrirons, toujours aussi brièvement d’autres pages insolites de l’histoire templière (c’est bien là notre regret), dans d’autres communications.


Note:

Il existe dans la petite ville de Châtillon sur Seine (arrondissement de Montbard, Côte d’Or département 21.) un monument religieux ancien qui domine, du haut du plateau où se dressait le castrum, la rive droite de la Seine. Cette curiosité historique est enfermée dans l’église Saint-Vorles actuellement située au sein des ruines féodales.

L’église Saint-Vorles eut pour fondateur l’évêque Brunon de Roucy, 49° évêque de Langres (980-1015/16). A son origine, ce bâtiment offrait l’image parfaite d’une croix latine, trente mètres du portail au chevet, vingt mètres cinquante dans le transept intra muros. Cet édifice montre de nombreuses particularités dont nous n’avons pas à traiter ici.

A l’origine de cette église, nous trouvons un antique oratoire qui est toujours contenu à l’intérieur, agrémenté d’une chapelle dédiée à saint Bernard. Cet oratoire est à rattacher aux temps héroïques du christianisme et il est certain qu’il existait bien avant le castrum lui-même. Nous sommes à ce moment de l’histoire proche du quatrième siècle, voire la fin du troisième siècle.

Cet oratoire se présente sous la forme brute d’une « niche » de deux mètres de profondeur, deux mètres quarante-trois de hauteur et deux mètres quarante de longueur. Au côté droit, immédiatement après l’entrée, se trouve une cavité de un mètre de hauteur, cinquante-cinq centimètres de largeur et trente-cinq centimètres de profondeur.

C’est dans cette cavité qu’était présente la vierge noire qui décida de la vocation de Bernard de Fontaine. Cette vierge noire, dont on disait au 18° siècle qu’elle avait plus de 1000 ans, fut brûlée en 1793 par les révolutionnaires.

Sur l’autre côté existe une piscine, semble-t-il, et la niche qui la contient mesure vingt-cinq centimètres de hauteur, autant de largeur et treize centimètres de profondeur.

Cette vierge noire, qui protégea saint Bernard, lui donna aussi l’initiation celtique et universelle, celle de la connaissance suprême, par l’humidification des lèvres de l’impétrant, au travers des trois gouttes de lait issues du sein maternel et divin. C’est le signe de l’adoption et de la connaissance suprême, le symbole de l’immortalité.

La nouvelle vierge noire est visible dans ce lieu.
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